Des fleurs, ce sont les pétales qui fascinent l'artiste tels des fragments de soie - légers, légers - posés d'un geste qu'on devine infiniment gracieux. Et elle répète l'exercice en variant les tons, en estompant les textures, en faisant vibrer au souffle de l'imaginaire ce fragile végétal que seul un petit bout de queue relie au réel. Ailleurs, l'artiste fixe dans le bronze les fragments d'un herbier dont le moindre détail mérite l'attention. Ainsi de cette feuille longiligne et souple, à la matière épaisse, à la patine ombrée, et dressée sur son socle comme une « Voile » prenant le vent. D'autres feuilles de bronze, alignées côte à côte clament leur différence, si minime soit-elle. L'une « Fermée », l'autre « Fendue », la troisième « Ouverte » évoquent les planches d'un livre de science à l'usage d'enfants qui feuilletteraient encore des livres. Et l'on s'attardera au délicieux spectacle de trèfles à quatre feuilles se dandinant avec nonchalance sur leurs tiges ou de feuilles de rhubarbe, plus vraies que vraies, aux nervures épaisses modelées en profondeur dans le bronze avec toute la maîtrise d'un sculpteur à la (re)découverte des formes simples qu'offre la nature, à qui veut bien prendre la peine de les regarder. Colette Bertot (L'Echo)